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Cette opération loin de nuire au cours des assignats lui sera favorable. D’un côté il est généralement connu que le cuivre en circulation ne peut plus servir d’hypothèque à la quantité d’assignats existante. La preuve en est dans la difficulté de change, difficulté qui dans quelques provinces va jusqu’à l’impossibilité. D’un autre côté, la Couronne se trouvant en possession de 87 millions de Roubles en cuivre monnayé de plus qu’auparavant et dont le transport est de moitié plus facile, Elle rétablira les anciennes banques, où l’on pourra journellement convertir les papiers en cuivre, d’autant plus facilement que, le cuivre monnayé ne disparaissant plus, sa quantité augmentera d’année en année et servira enfin d’hypothèque réelle proportionnée aux assignats en circulation.
On objectera peut-être contre tout ce projet que le peuple, surtout dans les provinces de l’intérieur, en murmurera. Mais si cette objection était fondée il s’en suivrait que jamais aucune réforme ne pourrait avoir lieu dans les monnaies, que le cuivre pourrait atteindre une valeur commerciale décuple de sa valeur numéraire sans qu’on osât changer son titre, et que par conséquent la nation devrait finir par n’avoir plus de monnaie. Le gouvernement doit, il est vrai, être assez sage pour ne pas abuser de la possibilité de pareilles opérations; mais il doit en même temps être assez vigoureux pour les faire et les soutenir quand elles sont nécessaires. Et pour le cas présent il ne s’agit pas même de vigueur. Il suffit d’éclairer la nation sur ses vrais intérêts. Les idées sur lesquelles roule le système des monnaies ne sont pas si abstraites qu’il ne soit possible de rendre populaires celles qui tiennent à la réforme en question. Il ne faudra par conséquent que publier ces idées par les voies ordinaires et extraordinaires que le gouvernement a en main.
Enfin il serait à désirer que les nouvelles monnaies portassent l’image du Souverain; le peuple y attache du prix avec raison; il se plaît à voir souvent l’image d’un Monarque qu’il adore, d’autant plus qu’il a si rarement le bonheur de le voir en personne.
146. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat, mai 1809]1
Vous avez oublié ou abandonné mon télégraphe que je Vous avais rapporté dans ma dernière lettre <ou bien Vous n’y prenez plus d’intérêt>2. Soit. Permettez-moi de Vous présenter une autre invention, médico-chimique, d’un professeur Grindel qui mérite Votre attention et qui Vous prouvera de nouveau que les membres de Votre Université de Dorpat, outre leurs fonctions de professeurs, s’occupent avec succès d’objets d’une utilité générale. C’est un surrogat pour le quinquina qui est déjà à un prix énorme et qui manquera bientôt tout à fait en Russie. Ce surrogat n’est pas autre chose que le caffé non brûlé. Grindel a analysé le quinquina avec plus de soin que ses prédécesseurs, a trouvé comme bases principales un acide particulier qu’il nomme acide de quinquina et de la colle, et s’est assuré que c’est à ces deux substances que le quinquina doit ses effets médicaux. Il a ensuite cherché ces mêmes bases dans plusieurs autres végétaux et ne les a trouvées que dans le caffé non brûlé, mais en plus grande dose que dans le quinquina même. Il a conclu de là que le caffé doit produire des effets analogues. Des expériences devaient décider. Il les a fait faire par plusieurs médecins tant de l’Université que de la ville, d’abord sans nommer le surrogat; les premières en juillet 1808. Puis il a publié le secret dans le petit livre ci-joint. À la fin d’avril nous avions à Dorpat plus de 100 expériences, faites sur des gens du commun et des personnes de qualité, de tout sexe et de tout âge depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Ces expériences se répètent en plusieurs autres villes, surtout à Reval et à Moscou, toujours avec le même succès, en sorte qu’à cette époque il existait plus de 200 expériences. Ces expériences que l’on continue sans cesse ont prouvé jusqu’à présent que le caffé comme le quinquina est applicable comme infusion, comme décoct, comme extrait et en substance.
Employé de ces différentes manières le caffé a guéri les fièvres de toute espèce, intermittentes, catarrhales, putrides, nerveuses etc. souvent avec plus de succès que le quinquina même, et a été reconnu comme spécifique dans quelques complications où le quinquina ne faisait aucun effet. La chirurgie en tire également des avantages considérables pour les plaies gangréneuses et les caries. Notre célèbre professeur de chirurgie Kautzmann l’a trouvé généralement plus efficace que le quinquina même.
Longtemps avant la publication de ce remède le professeur Grindel a envoyé de l’extrait de caffé tout préparé et la description à Mr. Wylie Votre chirurgien, déjà en Octobre de l’année passée, avec la prière de faire faire des expériences dans les nombreux hôpitaux qui sont à ses ordres, mais n’a encore reçu aucune réponse. C’est ce qui l’a engagé à faire imprimer la description ci-jointe, voyant qu’on ne faisait point d’expériences là où elles sont les plus faciles et où c’est un devoir sacré de les faire. Le prix du caffé était avant l’interruption du commerce moins d’un Rouble par livre, celui du quinquina n’a jamais été au-dessous de 3 Rbl. À présent le caffé coûte 2 Rbl., le quinquina 25 Rbl. Cette énorme différence du prix, la sûreté qu’on ne manquera jamais de caffé en Europe, le caffé étant un objet de luxe d’une énorme consommation, et la sûreté en outre que le caffé ne peut jamais tout à fait manquer comme objet de culture, le quinquina au contraire commençant déjà à devenir plus rare en Amérique même et de moindre qualité, tout concourt à attacher à cette découverte une grande importance, et je crois de mon devoir de Vous prier d’accorder au Professeur Grindel une récompense proportionnée puisqu’il a eu