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151. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 22 août 1810
Sire,
Oubliez <moins que quelques instants> Votre mécontentement, mérité ou non, pour écouter Votre fidèle Parrot sur l’objet le plus important. <Pendant le long espace de temps qui nous a séparés> Mes regards ne Vous ont pas quitté un instant et j’ai cruellement souffert de voir Vos tentatives pour rétablir les finances, absolument infructueuses, suite funeste des mesures qu’on Vous a conseillées, qui ont dû affaiblir la confiance au lieu de la relever, déprimer les assignations au lieu de les hausser, mesures qui n’étaient ni simples ni entières. L’emprunt ne peut être réalisé, et c’est un bonheur pour Vous. Car les remboursements promis sont impossibles, à moins de tomber dans les mains des usuriers, ou plutôt de faire de tous les capitalistes de l’Empire des usuriers conjurés contre Vous, qui forceront la vente des domaines au prix qu’ils voudront y mettre. – La monnaie en argent ne pourra être frappée, à quelque taux supportable que ce soit; ni les revenus de la Couronne en lingots d’argent <je Vous l’avais déjà prouvé>, ni l’activité des hôtels des monnaies de toute la Russie ne suffiront pas pour fournir ce qu’il faut à la circulation dans un espace de temps assez court pour supplier au cuivre qui déjà ne paraît presque plus dans les provinces commerçantes. En outre pourquoi mettre le cuivre hors de circulation? Vous Vous appauvrissez de 70 à 80 millions1.
Je n’ai aucun intérêt personnel à Vous retracer un tableau sinistre. Mais l’intérêt profond que j’ai pour tout ce qui Vous touche me force de Vous parler. Je Vous <offrais l’année passée> réitère l’offre de Vous présenter des moyens simples de rétablir les finances, autant qu’elles peuvent l’être sous les conjonctures présentes <je Vous renouvelle une prière de me permettre de Vous les proposer>. Ne Vous étonnez pas que je désire être auparavant autorisé. Je suis devenu timide à cet égard par les raisons que Vous connaissez. Ne Vous étonnez pas non plus que je veuille Vous donner des conseils dans cette partie; elle fut le premier objet de mes études, mais je le quittai bientôt pour les mathématiques et la physique qui cadraient mieux à mon goût pour les sciences et à mon dégoût pour les affaires. En outre il n’y a point de pays en Europe où il soit si facile de travailler avec succès dans les finances, parce que la Russie n’a jamais eu de vrais financiers, de ces financiers dont le coup d’œil juste se porte sur l’avenir comme sur le présent et dédaigne les mesures de moment, pour fonder un système solide à l’épreuve des secousses extérieures et intérieures. <Soyez persuadé que Vous avez des sources abondantes et pures où Vous pouvez puiser le bonheur et la gloire de Votre nation, mais on ne Vous a fait voir que des ruisseaux faibles et déjà corrompues. Écrivez-moi un seul mot que Vous voulez accepter, au moins lire ce que je voudrais Vous communiquer sur cet objet si important.>
O combien je m’estimerais heureux de Vous ramener sur la bonne voie dont les faiseurs Vous ont écarté! Dites-moi seulement si Vous voulez agréer que je Vous présente les idées simples et systématiques que j’ai sur cet objet si important.
Adieu, mon Alexandre! N’attendez pas une époque encore plus critique pour écouter Votre vrai ami. Ne méconnaissez pas sa ténacité à Vous aimer.
152. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 3 septembre 1810]1
Vous êtes complètement dans l’erreur de Vous imaginer que j’ai quelque mécontentement contre Vous. Quelle raison aurais-je pour en avoir? Si c’est mon silence que Vous prenez comme signe de ce mécontentement, Vous oubliez qu’il m’est impossible d’entretenir avec Vous une correspondance suivie, par la nature et la quantité de mes occupations qui absorbent journellement tout mon temps. J’attends depuis longtemps les papiers sur les finances dont Vous m’avez parlé dans Vos précédentes lettres. Aussi ne me demandez jamais permission de m’envoyer des mémoires utiles, car je les reçois toujours avec plaisir et intérêt. Tâchez seulement de les faire copier par une main inconnue. La Vôtre l’est de beaucoup de personnes et m’empêche d’en faire le prompt usage que je voudrais.
Tout à vous.
[Paraphe]
153. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 5 septembre 1810
Je n’ai donc pas tout à fait perdu mon Alexandre! Que ne puis-je lui être utile comme mon cœur le désire! – Je ne Vous écris en ce moment qu’à la hâte, pour Vous annoncer la réception de Votre lettre; le courrier prochain Vous apportera mon travail que je suis obligé de refondre, la remarque que Vous me faites sur ma main m’ayant suscité une réflexion qui influe sur la forme que je dois donner à ce travail.
Ce n’est pas Votre silence que j’ai pris pour signe de mécontentement; je n’ai jamais espéré une correspondance suivie de Votre part; je sais trop bien que Vous avez trop à faire. (Vous Vous donnez trop à faire; Votre marche n’est pas assez simple.) Mais Vous avez, non pas oublié, mais abandonné le télégraphe d’une manière qui m’a peiné, et lorsque je Vous ai envoyé officiellement le premier volume de mon ouvrage sur la physique par le Curateur et le Comte Savadofsky, Vous n’avez pas daigné m’honorer de la formule usitée à l’égard du dernier étranger. Vous savez que je n’aspire à rien; mais on regarde cela comme un signe de mépris. Encore, si cette apparence de mépris Vous était utile, combien volontiers je m’y soumettrais! Mais on cite cela comme une nouvelle preuve que Vous abandonnez les personnes qui Vous sont les plus attachées et cela me navre le cœur.
L’Université a fait une addition aux lois des étudiants1. Il régnait dans ce moment un mauvais esprit que j’ai combattu sans succès. Ces nouvelles lois nous raviront une moitié de nos étudiants et détruiront