litbaza книги онлайнРазная литератураКафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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tout ce que j’ai sur le cœur. O mon Alexandre! Pourquoi ne puis-je Vous dire en tout sens ce que je Vous dis l’autre jour: Vous m’avez plu extrêmement. Rappelez-Vous le passé depuis le commencement de Votre règne. Comparez Vous à Vous-même dans les deux époques d’alors et d’aujourd’hui. Souvenez-Vous de la lettre que je Vous écrivis à Votre jour de naissance4, en 1803. Vous en ai-je écrit depuis une pareille? Et cependant le 12 décembre s’est renouvelé 6 fois dès lors! Est-ce moi qui n’ai pas voulu Vous écrire ainsi à chaque 12 décembre? – Non; mais le ton de mes lettres a dû se régler sur Vous; il s’y est réglé en dépit de moi-même; c’est le thermomètre de Votre intérieur. Mon cœur ne peut pas se tromper; il est fondu dans le Vôtre.

Écoutez donc la voix austère et tendre de Votre ami, de cet ami qui n’a jamais rien craint que Votre malheur. <Les années ont nourri Votre entendement mais pas Votre moral.> Vous n’êtes plus à la hauteur morale où Vous étiez il y a six ans. Sondez Votre cœur et punissiez mon audace si j’ai tort. D’indignes alentours dans Votre vie privée et dans les affaires Vous dégradent pour s’approcher de Votre niveau, et Vous le souffrez, et Vous ne savez pas que Votre ennemi sait en profiter, que tout ce qu’on raconte de Votre vie privée, vrai ou faux, part de cette source envenimée et tend à Vous ravir l’estime de Vos sujets. – Dieu puissant! Donne à mes paroles l’expression de mon cœur. Touche le sien! Qu’il redevienne mon idole, mon Héros!

Vos écarts ne partent que d’un seul point. Vous avez méprisé les relations de père de famille. Vous avez dédaigné la dignité qui y est attachée. Vous êtes tombé de là dans une frivolité qui ne Vous est pas naturelle et que Vous condamnez Vous-même. Sûrement Votre cœur Vous l’a reproché souvent. O, pourquoi n’aviez-Vous pas alors un ange tutélaire qui Vous ranimât? Mon Alexandre! Vous avez pleuré la perte de Vos enfants <j’en ai été témoin>. O, c’était alors le moment de revenir à Vous-même, de sentir ce que Vous pourriez être. Ne Vous aveuglez pas en croyant encore à l’idée d’une passion qui ne peut pas avoir duré si longtemps5. Depuis longtemps ce n’est plus Votre cœur qui Vous a captivé; c’est l’artifice, un acte infâme et connu, j’en ai la preuve non par bruits publiques, mais par moi-même. Ne Vous aveuglez pas non plus par l’idée de froideur dont Vous m’avez parlé. Vous eussiez aisément vaincu cette froideur qui n’était pas plus naturelle que Votre éloignement <mais qui devait naître dans une âme noble>. Si j’ai pu Vous aimer comme je Vous aime, quelle femme eût pu résister à Votre cœur? – Rentrez dans l’état de nature <pour tout Votre Individu>. Attachez-Vous à la seule personne digne de tout Votre attachement. Vous êtes dans l’âge de sentir tout autre chose qu’une passion ordinaire et fragile. Renoncez aux autres liaisons sérieuses que Votre cœur doit condamner. Renoncez aux liaisons frivoles que Vous avez trop affichées et que l’opinion publique désapprouve. Soyez homme, soyez souverain! Si ces liaisons n’ont pas d’influence immédiate dans les affaires, elles en ont d’autant plus sur Vous. Elles Vous distraient, Vous éloignent de Vous-même, elles détruisent l’ensemble de Votre activité, affaiblissent Votre capacité pour les affaires. J’ai été étonné de Vous entendre parler avec sagesse et de voir le contraire exécuté. Le secret de cette contradiction frappante est dans cette frivolité où Vos alentours Vous précipitent. Mon Alexandre! rappelez Votre vigueur. Ce ne sont pas des sacrifices, non, c’est Votre jouissance, Votre sûreté, ce sentiment de force qui n’appartient qu’à l’homme absolument pur, c’est Votre bonheur quotidien que je Vous demande.

Mon Alexandre! Mon ami unique! Si je réussis, concevez-Vous tout le bonheur que Vous versez sur moi? Oui, concevez-le; et, s’il le faut, mettez-le encore dans la balance. Mon cœur, mon amour pour Vous le méritent. – Faites le bonheur de

Votre Parrot.

158. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 1 novembre 1810

Mon Bien-Aimé! Mon Alexandre chéri!

Le mois d’octobre est passé, mon mémoire sur les finances Vous est parvenu en commencement de septembre et Vous n’avez pas encore l’avis du 5e département <des finances>! Jugez par ces délais du zèle de Vos travailleurs. Et cependant la réforme des finances doit paraître à la fin de cette année. C’est le dernier terme qui Vous reste pour Vous mettre en position redoutable vis-à-vis de Votre antagoniste. Car ce n’est pas en rassemblant une armée formidable que Vous lui en imposerez, mais en Vous mettant en état de faire une campagne soutenue et opiniâtre. Il sait fort bien que la Russie comme tout État physiquement fort n’est pas en peine de lever des armées; leur entretien est le point principal et cet entretien n’est possible que par un excellent système de finances. Vos travailleurs savent cela aussi bien que moi, et cependant ils traînent l’affaire en longueur. Je suis arrivé ici malade, après un voyage désastreux qui a duré 4 jours, et je ne suis pas encore rétabli. Mais dès que j’ai vu que le 1er courrier ne m’a pas apporté les observations que Vous vouliez m’envoyer je me suis mis au travail; je ne puis supporter l’idée de Vous voir sacrifié à l’indolence, la vanité ou la mauvaise foi. Ne méconnaissez pas à ce style peut-être violent mon attachement, mon tendre respect pour Vous. Je veux Vous savoir respecté de toute l’Europe, craint de Votre ennemi, et voila pourquoi je m’irrite contre Vos instruments. Pourquoi ne peuvent-ils pas travailler comme moi, payés, honorés, décorés pour ce travail? Et est-il un travail plus pressant que le rétablissement de Vos finances et du crédit?

Ce que je Vous envoye, ce sont les Ukases tout faits, à qui il ne manque que la traduction en russe que je ne puis soigner, et Votre titre. Si Vous voulez les commencer

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