litbaza книги онлайнРазная литератураКафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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de l’instruction publique fait l’essai de donner à chaque université un Directeur chargé de mener les affaires3. Mais ce Directeur, trop petit pour faire du bien, assez grand pour faire tout le mal qu’il voudra, ruinera le vrai esprit des lettres et le zèle, encore plus vite que les formes ne peuvent le faire. Étranger à l’université parce qu’il n’est pas homme de lettres et ne peut pas l’être s’il veut faire son métier, parce qu’il ne dépend pas d’elle mais uniquement des supérieurs, il ignorera constamment ou voudra ignorer et les ménagements que les sciences exigent, et les égards qu’on doit aux savants. Il voudra par ex. faire rendre compte au chimiste et au physicien de chaque goutte d’acide ou d’alcool, de chaque verre cassé dans leur expériences. Enclin à faire sentir son autorité, désirant se faire valoir auprès des supérieurs, n’ayant d’autre but que de faire aller les affaires et fournir au Ministère annuellement quelques milliers de numéros de chancellerie pour prouver son zèle et ses soins, il opprimera les professeurs, vexera même le Recteur et pourra aller, en vertu des formes, jusqu’à lier les mains au Curateur, dont il aura en effet l’autorité sans le paraître et surtout sans en avoir l’esprit. L’auteur de ce mémoire rougit à la seule idée de voir un jour ses collègues faire la cour à cet homme obscur pour se mettre à l’abri de ses vexations ou de ses insultes. Par contre il témoigne avec un vrai plaisir à son Curateur sa déférence et son respect, parce que le Curateur est trop élevé pour vouloir vexer, parce que les relations de l’université au Curateur sont fondées sur la confiance et l’attachement. On aime et on respecte le Curateur, on haïra et on méprisera le Directeur, l’un et l’autre avec raison. L’expérience s’est déjà prononcée sur ce point plus que l’auteur de ce mémoire n’ose dire. – L’université dans son état présent forme un bel ensemble avec son Curateur et son Ministre; le Directeur ne sera qu’un rouage de plus, inutile et par conséquent nuisible, qui détruira la confiance entre l’université et ses supérieurs naturels.

Car quel sera le degré d’autorité confiée au Directeur? Sera-t-il le supérieur, ou l’égal, ou l’inférieur du Recteur? Dans le premier cas le Recteur est avili et perd toute son autorité vis-à-vis de ses collègues et des étudiants. Dans le second cas il existera un conflict perpétuel et inévitable d’autorité entre ces deux chefs. Dans le troisième le Directeur est inutile et un chef de chancellerie fera les affaires aussi bien que lui sans avoir le pouvoir de vexer personne. Depuis 6000 ans l’humanité se tourmente et se fait la guerre pour trouver le moyen de balancer les autorités dans l’État. Ce grand problème est résolu pour l’Université de Dorpat. Le Conseil de l’Université <traite avec liberté les affaires de l’intérieur, le Curateur le surveille et traite les affaires extérieures, le Ministre gouverne le tout monarchiquement> délibère, le Curateur pèse les motifs et le Ministre décide. Que fera le Directeur? Il fera naître des difficultés – pour avoir quelque chose à dire, il semera la défiance – pour se faire valoir. C’est en vain qu’on tente de persuader à l’Empereur qu’on trouvera pour chaque Université un phénix qui ne voudra pas tout cela; quiconque a un emploi veut avoir de l’influence, et les premiers essais que l’on a faits ne le prouvent déjà que trop. O! Si cet Empereur magnanime daignait vouloir revoir encore une fois son Université de Dorpat, l’aspect de cet institut, le sentiment involontaire qu’Il éprouverait au milieu des trésors de la science que Ses grâces y ont accumulés et entouré de la reconnaissance des professeurs qui voient en Lui leur père et leur appui, son cœur Lui dirait de Lui-même comment cet institut doit être gouverné.

Mais quelle est l’origine de ces formes superflues, accumulées de jour en jour? C’est la défiance. Le Gouvernement, trompé souvent par ses employés, se défie de tous et croit ou espère empêcher les prévarications en entassant les formes comme autant de barrières contre la mauvaise foi et la mauvaise volonté. Trois inconvénients ont été la suite de cette maxime. Le premier est que chaque nouvelle forme est un nouveau rempart pour le fripon en même temps qu’elle est une nouvelle gêne (j’ose dire une nouvelle cruauté) pour l’homme probe. Car l’État ne doit pas s’imaginer que ceux qui font les projets de loi, qui inventent ces formes, soient eux seuls plus habiles que les milliers de fripons qui ne rêvent jour et nuit qu’à les rendre illusoires; c’est une guerre sourde où le grand nombre est toujours sûr de la victoire. Le second inconvénient est que le chef d’un département se trouve à la fin offusqué de tant de formes, aveuglé par les détails immenses auxquels il est contraint de se livrer et qu’enfin (comme le dit le proverbe allemand) à force d’arbres il ne voit plus le forêt. C’est alors que les inférieurs ont beau jeu! Le troisième inconvénient est la démoralisation des agents de l’État par le sentiment pénible de la défiance à laquelle ils sont assujettis. Il faut réellement une vertu mâle pour conserver sa probité avec l’idée que l’État suppose une fourberie générale; et tel qui ferait son devoir si on lui témoignait quelque confiance, devient fripon parce que le Gouvernement le suppose tel; on veut mériter le traitement qu’on essuie. La confiance ennoblit l’homme et raffermit sa vertu; la défiance rétrécit son cœur, paralyse son âme entière (la sainte bible dit: la forme tue, l’esprit vivifie4). C’est ainsi que, le Gouvernement ne comptant plus sur la responsabilité morale, la responsabilité civile est devenue illusoire pour le méchant, terrible à l’homme de bien. Un exemple général et frappant suffira pour mettre ces vérités dans tout leur jour. L’Empereur a établi pour la comptabilité un département particulier, celui de Contrôleur général5, parce que la révision des comptes languissait dans le Sénat qui ne pouvait suffire à ce travail et était en arrière

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