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La haine contre la légitimité ne s’est manifestée nulle part. Bonaparte n’a pas osé tenter de donner de nouvelles dynasties à la Prusse et à l’Autriche, et s’il l’a fait en Westphalie, à Naples et en Espagne, il en a été puni partout, par la nation, et les Espagnols dans leur dernière guerre n’ont pas eu l’idée de détrôner leur roi. Enfin ce qui a été fait en Suède s’est fait du consentement unanime, et ce que va se faire se fera de Votre consentement ou ne se fera pas5.
Enfin l’esprit du protestantisme est-il contraire à la Royauté? Je ne veux pas, Sire, Vous ennuyer d’un examen théorique de cette question qui exigerait une douzaine de pages, auquel au reste je m’offre volontiers, si Vous en avez le moindre désir. À présent c’est à l’histoire à parler. Que les faits décident. Lors de l’établissement du protestantisme aucune maison d’Allemagne n’a perdu sa souveraineté; on n’a pas même fait des constitutions politiques. Celles qui existent encore de nos jours, celles des villes libres qui ne sont plus, toutes datent des siècles catholiques. Les États généraux de la France, les Cortez de l’Espagne ne sont pas nés de nos jours. Nous les devons à l’antiquité la plus reculée du moyen âge où l’on était sûrement bien catholique. Et si dans ces temps de superstition et de chevalerie il y a en quelques révolutions, c’est aux Papes à qui on les a dues. De nos temps quels sont les pays où l’esprit de révolution s’est manifesté? En France, en Espagne, en Portugal, à Naples, tous pays bon catholiques; tandis que l’Allemagne protestante qui s’est vue inondée d’armées révolutionnaires, est restée tranquille. La France elle-même a soutenu l’étendard du Républicanisme des États-Unis d’Amérique, et si l’Angleterre reconnait aujourd’hui l’indépendance des nouveaux États de cette jeune partie du monde6, ce n’est sûrement pas pour y introduire les dogmes de Luther, mais ses marchandises.
Veuillez, Sire, Vous rendre à Vos propres idées claires et lumineuses qui Vous avaient conduit si sûrement jusqu’à l’époque des congrès. Éloignez, déchirez ces brouillards dont on cherche à Vous offusquer. <Sont-ce des rois qui ont à craindre? Oui, j’ose le dire: Louis XVI vivrait encore s’il avait eu d’autres alentours, et tous les autres régicides de l’histoire moderne ont été commis par les Jésuites ou furent le fruit de haines particulières.> Les étrangers les ont tissus pour faire de Vous l’épouvantail de l’Europe, et quelques-uns de Vos alentours, Mr. de Magnitzky le plus ardent et le plus effréné de tous, les augmentent et les consolident pour se rendre nécessaires, pour se vanter d’être Vos appuis.
Les rois perdent-ils donc à ne pas froisser l’humanité et flétrir la jeunesse? Non sûrement; mais les ambitieux et les intrigants qui veulent régner sous leur nom qu’ils blasphèment. Soyez, ô mon héros Bien-Aimé! égal à Vous-même. Jetez loin de Vous ces soupçons, cette défiance qui font l’amertume de Votre vie. Ne croyez plus à cette perfide astuce qui noircit à Vos yeux l’humanité, la jeunesse même. Fiez-Vous à l’œil de Votre Parrot qui ne voit sans cesse que pour Vous, qui a plus vu et plus observé les hommes que l’Être vil qui a osé Vous approcher pour empoisonner Votre cœur. – Rendez-Vous à l’humanité prosternée à Vos pieds pour obtenir cette grâce.
Votre Parrot,
toujours Votre Parrot
P. S.
Au mois de Mai la Grèce sera déclarée libre et la Grande Bretagne sa protectrice. Le dernier discours de Canning au parlement le prouve. Si Vous voulez empêcher ce protectorat, il Vous en coûtera une guerre dix fois plus sanglante que le plan que je Vous avais proposé. Daignez Vous souvenir de ma lettre sur les Grecs7. Je sentais qu’il n’y avait pas de temps à perdre.
Quant aux travaux hydrauliques, veuillez Vous en tenir aux idées fondamentales que je Vous ai présentées, surtout à celles concernant la salubrité inviolable de l’eau, des ensablements et des glaces.
Le Duc de Würtemberg m’a dit que Vous voulez voir mon plan en original. Croyez que je sens le prix de cette faveur. Le mémoire a deux suppléments, le premier, je l’ai fourni de moi-même, et c’est par lui que je Vous prie de commencer la lecture, l’autre m’a été demandé pour le Duc8.
Annexe
Coup d’œil moral sur les principes actuels de l’instruction publique en Russie
* * *
Vingt ans se sont écoulés depuis l’époque où les universités et les écoles de l’Empire russe furent totalement régénérées, et l’on se demande avec étonnement quels progrès l’instruction publique a faits dans les provinces russes de l’Empire; car les universités et les écoles sont presque désertes. L’arrondissement de Casan surtout, cet arrondissement composé de 15 gouvernements, offre un aspect désolant. Six à huit professeurs et une cinquantaine d’étudiants (dont 30 sont entretenus par la Couronne) forment la population de cette université, qui devrait avoir près de trente professeurs et 500 à 600 étudiants. Le nombre des écoliers de gymnase et des écoles de cercle ne se monte dans cet arrondissement, d’après une déclaration du Curateur de ce district, qu’à 4476, nombre moindre que celui de l’arrondissement de Dorpat, dont l’étendue et la population ne sont pas comparables à celles de Casan. Les arrondissements