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Votre silence serait pour moi la plus cruelle réponse. Si Vous me refusez, faites-le au moins par une ligne de Votre main.
Votre Parrot
214. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg, à la fin de janvier ou au début de février 1825]1
Sire!
J’ai appris hier du Duc de Würtemberg qu’après l’examen des plans (qui a eu lieu au comité pour cet examen) il en suivrait un second au Conseil du département hydraulique2 et qu’ensuite ce département formerait de toutes les idées proposées un plan définitif qui Vous serait proposé. Ainsi c’est Vous en dernier ressort qui déciderez et c’est ce que j’ai désiré. J’eusse à la vérité souhaité que Vous voulussiez présider à un comité composé du Duc, des deux ou trois membres les plus instruits du département pour discuter en Votre présence chacun des plans qu’on eût cru digne d’être admis à la concurrence et que l’auteur de chaque plan eût eu l’honneur d’être admis à cette discussion pour déployer ou défendre ses idées lorsque le tour de son plan serait venu. Deux séances, chacune de quelques heures, Vous eussent mis, Sire, en état de juger sur chaque point et par conséquent de choisir Vous-même ce qu’il y aurait de mieux, fort de toutes les connaissances qui eussent été déployées dans ces séances. Mais comme il paraît que la chose a déjà été décidée autrement, permettez-moi, Sire, de Vous offrir dans les pages ci-jointes quelques principes invariables auxquels il faut tenir pour ne courir aucun risque et ne pas acheter quelques avantages médiocres au prix de désavantages inappréciables. – Je suppose naturellement que Vous Vous êtes fait donner les plans et les mémoires.
J’ai déclaré, Sire, au Duc que je n’attends, que je ne veux aucune récompense pour ce travail et mon voyage; je l’ai chargé de Vous le dire. Mais cette déclaration n’empêche pas une restriction mentale. Je Vous demande ma récompense, celle que je Vous ai demandée si souvent, celle de Vous voir encore une fois. Lors de ma dernière lettre j’étais profondément attristé de Votre indifférence et ces moments douloureux ne me reviennent que trop souvent. À présent je veux faire taire le sentiment et Vous parler pure raison là-dessus.
Je Vous demande un seul entretien et si Vous trouvez que Vos principes d’aujourd’hui (après dix ans et dix ans si fertiles en grands événements je conçois qu’ils aient dû changer en plusieurs points) sont incompatibles avec les miens, alors cet entretien sera le dernier. Vous n’aurez pas même le désagrément de me le dire; je le dirai moi-même.
Jetez les yeux sur nos anciennes relations. Souvenez-Vous des nombreux conseils que <je Vous ai donnés> j’ai pris la liberté de Vous donner, que Vous m’avez demandés. En est-il un seul qui Vous ait été funeste? Rappelez-Vous que Vous me dites un jour: J’ai songé à Vous sur le champ de bataille d’Austerlitz: l’on m’a indignement trahi. Croyez-Vous que les Autrichiens soient les seuls, en dehors et au dedans, qui Vous trahissent? Rappelez-Vous l’affaire de Spéransky; Vous étiez si reconnaissant du conseil que je Vous donnai et qui calma en quelque chose Votre douleur. Ai-je jamais cherché à Vous dominer, comme tant d’autres? Ne me suis-je pas toujours contenté de Vous présenter les faits et les principes, sans jamais presser Votre décision? Eh! grand Dieu! Je voulais que Vous régnassiez, Vous seul; je n’ai jamais voulu que cela, j’y eusse trouvé mon bonheur, ma gloire, celle qui eût plu à la Divinité-même. Le système d’instruction publique que je Vous ai proposé, malheureusement exécuté à Dorpat seulement, n’a-t-il pas eu et n’a-t-il pas encore l’approbation de l’Europe; et si l’on témoigne du mécontentement, c’est qu’il n’est plus exécuté dans toute sa pureté.
Mais soit qu’aujourd’hui mes conseils Vous soient inutiles, Votre équité ne Vous dit-elle pas qu’un Être qui Vous est si dévoué, mérite, son vœu ne fût-il qu’une faiblesse, une condescendance que Vous avez pour tant d’autres auxquels il est si supérieur en amour pour Vous? Donnez-moi donc, mon ancien Alexandre, cette heure, précieuse au moins à moi. Qu’y risquez-Vous? Une de ces heures dont on Vous en arrache tant pour de simples convenances.
Lorsque, il y a 10 ans, je fus forcé de quitter Pétersbourg sans Vous avoir vu, une hémorragie terrible me mit au bord du tombeau. Si Vous voulez encore me refuser, ne craignez pas un accident pareil; mon tempérament n’est plus susceptible de cette secousse. Mais j’emporterai un souvenir cuisant qui répandra l’amertume sur le reste de mes jours.
Si par contre Vous voulez accéder à mon vœu, veuillez ne pas différer. Les devoirs de ma place et des raisons d’économie me forcent à partir le plus tôt possible.
Tout entier Votre Parrot
Annexe
Idées fondamentales qui peuvent servir à juger des plans pour mettre Pétersbourg à l’abri des inondations
Pour l’Empereur
Idées générales
1) La première chose à laquelle il faut tenir, c’est que l’eau de la Newa, dans la grande branche de ce fleuve, qui part de la grande courbure au-dessus du cloître Newsky et s’étend directement jusques à la mer, conserve sa pureté actuelle. C’est la boisson et la nourriture des habitants, qu’il faut conserver pure et saine; toute autre considération doit céder à celle-là.
Tout plan qui vise à barrer à demeure la Newa à sa partie supérieure et inférieure et jeter le fleuve entier au nord, change le lit de la Newa en un marais, malgré la passe supérieure et inférieure qu’on peut exécuter pour opérer une certaine vivification de cette eau stagnante. Faire cette opération, ce serait jeter toute l’eau pure de la Newa dans un désert pour n’offrir aux habitants qu’une eau stagnante et corrompue par les immondices de la ville entière. Les canaux de la ville, dont l’eau n’est déjà