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La troisième partie de cette instruction, celle qui regarde l’éducation morale, navre la cœur et ne peut inspirer que de la pitié pour la jeunesse élevée dans ces principes.
Le § 2 proclame la soumission «comme l’âme de l’éducation et la première vertu du citoyen, l’obéissance comme la plus importante vertu de la jeunesse; parce que la soumission et l’obéissance donnent à la volonté cette souplesse, cette mollesse si indispensables au bien public». – Aimer Dieu par-dessus toutes choses et le prochain comme soi-même: voilà le précepte souverain de Jésus-Christ, la loi de l’Évangile, la première vertu du Chrétien de tout âge, de tout sexe, de toute condition. Vouloir subordonner cette loi sublime à la soumission, honorer la souplesse et la mollesse du titre de vertus, c’est un crime de lèse-jeunesse, de lèse-humanité, de lèse-majesté divine et humaine. Que fera l’État de citoyens, le Prince de sujets, qui n’ont point de volonté à eux, qui ne savent qu’obéir servilement, qui verront les déprédations, les concussions, les falsifications, et n’auront que la vertu de se taire?
Immédiatement après on recommande les préceptes de la Religion concernant l’amour et la soumission (dans l’instruction pour le Recteur (art.IV, § 2) on nomme la soumission aux Princes la Religion de la seconde Majesté. Peut-on réunir plus d’absurdité et de profanation dans trois mots?) et, tout de la même haleine, la vénération pour les rangs. Grand Dieu! Notre vénération pour toi, notre amour, notre charité envers nos semblables sont ici mis sur la même ligne que le respect pour les rangs dont le plus léger mépris est affecté de peines sévères.
Le § 3 ordonne au Directeur «sous peine de la plus grande responsabilité personnelle d’avoir soin que le respect et l’amour pour l’Évangile soient inspirés aux élèves de l’université». Peut-on donc atteindre ce but par des menaces? Si le Directeur est un homme intègre et pieux, il n’a pas besoin de comminations pour remplir ce devoir sacré. S’il est un hypocrite il saura donner à son administration les dehors de ce qu’elle devrait être, tandis que l’intérieur ne sera qu’un cloaque d’immoralité pendant nombre d’années avant que l’œil du supérieur s’en aperçoive. Choisir les hommes et parler à la conscience: voilà ce qui mène au but.
Ce même § fait un devoir au Directeur de surveiller les professeurs dans leurs leçons et dans leur vie privée, d’avoir l’œil à ce qu’ils aillent à l’église et prennent les sacrements. Ainsi c’est par la violence qu’on veut faire naître et fleurir la piété. Croit-on qu’un homme, que son propre sentiment ne conduit pas au Temple et à la Table du Seigneur, y paraîtra dignement, avec conviction et recueillement, avec cette adoration intérieure qui seule est le vrai culte de la Divinité, lorsqu’il y est en quelque sorte chassé par la crainte du Directeur? – Non, l’Empereur Alexandre n’a jamais conçu ces horreurs qu’on publie en son nom. Non, jamais un professeur, qui a les connaissances et les vertus de sa place, ne se soumettra à de pareilles lois et au double espionnage du Directeur et du Recteur. On peut juger par là du mérite des professeurs que l’on a laissés à Casan et de ceux qui se laissent engager à cette université.
Le § 3 porte encore «qu’on favorisera et protégera de toute manière les étudiants qui se distingueront par leur piété, préférablement aux autres, et que ceux dont le Directeur n’attestera pas la bonne conduite, ne doivent pas obtenir les prix destinés aux progrès dans les sciences, quelque bien qu’ils les aient mérités d’ailleurs». Peut-on prêcher à la jeunesse l’hypocrisie et la souplesse en termes moins équivoques? Dans un institut où tout est guidé par la crainte et par l’appas, la jeunesse saura dès les premiers jours que l’extérieur fait tout et qu’il ne faut que plaire au Directeur.
Le § 8 fait «au Directeur et aux inspecteurs et professeurs la loi de veiller à ce que les étudiants aient de la décence, de la modestie et de la politesse dans leur commerce et que leur extérieur, de même que leur manière de s’exprimer, soient agréables». – Fort bien; mais lorsqu’on ajoute que «cette partie de l’éducation est une des principales et toujours le fruit d’un bon caractère», c’est à la fois mettre l’essence de l’éducation dans les formes extérieures, faire du caractère un vernis et dire une sottise; car tout le monde sait que ces caractères qui portent l’empreinte de la politesse, de l’élégance, d’un extérieur si obligeant, sont de règle moins sûrs que les caractères sérieux et un peu âpres, qui heurtent quelquefois les convenances parce qu’elles ressemblent souvent à l’hypocrisie. Mais il