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Sire, que ces grandes idées, ces augustes sentiments Vous occupent tout entier, trop fortement entrainée elle-même dans le torrent de la reconnaissance publique, l’académie, Sire, qui doit son existence à Vos soins paternels, n’entreprend pas de faire éclater aujourd’hui d’une manière particulière la profonde gratitude dont elle est pénétrée, ou de fixer les augustes regards de V. M. sur les prémices de ses travaux, mais elle espère, elle ose aux moins désirer que V. M. veuille bien lui accorder cette grâce à autre occasion. Si d’un côté la médiocrité de la sphère actuelle de son activité semble en quelque sorte lui ôter le droit d’aspirer à une faveur particulière, d’un autre côté elle se souvient du but de son existence – et ce but est grand et par là même cher à V. M.
Nous ne comptons, il est vrai, encore que par jours la durée de notre existence; mais que n’avez Vous été présent, Sire, au jour de notre installation1, au moment où nous jurâmes à l’autel de la divinité l’obéissance à la plus sainte de ses lois et à V. M. la soumission à sa volonté la plus décidée, cette de consacrer toutes nos forces au bien de l’humanité. Mais qui nous empêche, de répéter dans ce lieu même ce moment auguste? Amis! Confrères! et vous, qui présidez à nos travaux2, répétons le. Qu’Alexandre soit témoin de nos vœux solennels!
Dieu suprême! Nous jurons en ta présence, en présence de ton image chérie, de consacrer nos veilles et nos talents à l’emploi, que tu nous as confié; de travailler avec zèle et fidélité à répandre des lumières utiles. Nous jurons de respecter l’humanité dans toutes les classes et sous toutes les formes; de ne distinguer le pauvre du riche, le faible du puissant que pour vouer au pauvre et au faible un intérêt plus actif et plus tendre. Nous jurons que chaque action de notre Monarque, chaque bienfait, qu’il répandra sur son peuple, nous rappellera la sainteté de nos dévoirs.
Sire, recevez ces serments, ils sont sincères, ils sont purs, comme le vœu que Vous avez fait de rendre Vos sujets heureux3.
2. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat, 11 août 1802]
Sire,
La faculté de philosophie de l’Université de Dorpat m’a chargé en ma qualité de chef de cette Académie de faire parvenir à V. M. I. l’examen de l’ouvrage intitulé «Versuch eines Entwurfs zu einer in Livland zu errichtenden Universität»1, que Vous avez confié à ses lumières et à son intégrité. Cet instant qui me transporte en idée aux pieds de Votre auguste trône est, Sire, le plus beau de ma vie, sans en excepter même celui où j’eus le bonheur de Vous offrir de bouche l’hommage et les vœux de notre Académie. Cet examen contient la défense des droits sacrés de l’humanité qu’un savant allemand a osé méconnaître même en s’adressant à V. M. Non, Sire, Vous ne pouvez nous honorer davantage qu’en nous confiant cet examen. Toutes les grâces, toutes des distinctions dont le Monarque de la Russie pourrait combler notre institut naissant, ne peuvent balancer l’honneur que nous témoigne Alexandre en nous interrogeant sur les objets les plus importants à l’humanité. Nous avons taché de répondre à cette confiance en traitant les différents sujets de l’ouvrage allemand avec véracité et impartialité. Recevez, Sire, ce premier fruit de nos travaux extraordinaires avec cette bienveillance qui Vous a gagné le cœur de chacun de nous; recevez le non seulement comme l’effet de notre obéissance, mais comme la preuve la plus authentique que nous comptons sur Vos vertus. Qu’il devienne un lien nouveau entre V. M. et nous, un lien sublime inconnu jusqu’ici entre le Monarque et ses sujets! En Vous rapprochant ainsi de Vos sujets les plus fidèles Vous fondez, Sire, un nouveau Empire dont les limites dépasseront les bornes de la vaste Russie. Vous travaillez pour toute l’humanité, et Vous Vous trouverez un jour, sans conquêtes et sans ambition, à la tête du genre humain. Heureux Monarque! En Vous ralliant à l’humanité Vous avez trouvé le secret des grands rois. Jouissez Votre bonheur! Jouissez en longtemps, Sire, et daignez quelque fois Vous ressouvenir qu’à une extrémité de Vos États il est une petite société d’hommes qui applaudit avec un zèle sans bornes à Vos triomphes, qui ne cesse de faire pour Votre auguste personne les vœux les plus ardents et qui attend de la continuation de Votre bienveillance particulière son lustre et son activité.
Interprète assurément trop faible de ces sentiments de mes confrères, oserais-je parler de mes sentiments particuliers pour V. M., de cet amour sans borne que Votre haut rang me défend peut-être, mais dont mon cœur ne peut se défendre?
Parrot,
Prorecteur2
3. Alexandre IER à G. F. Parrot
Saint-Pétersbourg, 24 août 1802
Monsieur le Prorecteur de l’université de Dorpat!
Le rapport, que Vous m’avez présenté au nom de la Faculté de Philosophie sur le travail, dont je l’ai chargée, est rempli d’idées aussi lumineuses, que bienfaisantes. C’est une grande satisfaction pour moi de voir cette Institution naissante se proposer, dès son origine, un but aussi noble, que celui d’influer sur le bien-être de la société par le sage emploi des lumières. Portez aux membres de l’Université l’expression de ma reconnaissance et recevez, comme son digne Chef, la part, qui Vous en est due.
Alexandre
4. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat, 30 août 1802]1
Sire,
Permettez que je mette aux pieds de V. M. I. deux petits ouvrages d’occasion, trop peu dignes