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Je désirerais infiniment que V. M. trouvât un intérêt particulier en dernier article de ma dissertation, article qui a les chemises de laine par objet. Permettez, Sire, que je Vous en offre une traduction. J’ai appris il y a quelques mois par le Comte de Mannteuffel que Vous portez habituellement [un mot est abîmé] chemises, et je cherchai dès lors une occasion favorable de communiquer à V. M. une façon de penser là-dessous. Sire, veillez ne reconnaître dans cette démarche que le désir si vif, si vrai, que j’ai de prolonger votre précieuse vie. Que ne pouvez-Vous lire en cet instant dans le fond de mon cœur!
Persuadé que les chemises de flanelle sont un poison lent je conseille, en physicien et d’après l’épreuve que j’en ai faite sur moi-même et sur d’autres, d’en abolir l’usage; et pour ne pas occasionner un changement trop brusque dans la manière d’être de la peau, je propose de lui substituer pour quelque temps une espèce de tricot de laine à très grosses mailles, dont j’ai l’honneur d’envoyer à V. M. I. un échantillon fait de la main de ma femme. Elle eût désiré, Sire, oser Vous offrir une veste entière de ce tricot, mais elle a jugé devoir réserver à la tendresse de S. M. Impératrice les délices de contribuer par son propre travail à la conservation de Votre santé, persuadée en outre qu’un remède provenant d’une main aussi chère et aussi aimable aura un effet doublement bienfaisant.
Je ne puis, Sire, terminer cette lettre, sans prendre la liberté de dire combien celle, dont Vous avez honoré l’académie et moi, nous a touchés. N’attendez pas les remerciements ordinaires de notre part. Nous ne saurions quelle forme leur donner. Vous avez compris le Vœu de nos cœurs – en tout point. Vous savez nous honorer de la manière qui nous est le plus agréable, et nous voyons avec ravissement le sort des nations en Vos mains. – Vous daignez en quelque sorte nous associer à Vos travaux. Sire! je Vous jure que nous nous rendons dignes de cet honneur. – Mais notre activité est resserrée; notre constitution a des défauts considérables qui mettent des entraves à notre bonne volonté et vont jusqu’à interposer de grands difficultés au complètement du nombre de nos professeurs4; car décidés à n’admettre aucun sujet médiocre, nous recevons à tout moment des refus de la part des hommes de mérite dont les circonstances d’ailleurs devraient leur faire désirer une place parmi nous. Ces refus nous sont douloureux et joints à l’imperfection de notre institut naissant, ils jettent un jour défavorable sur nous. Oserais-je, Sire, Vous supplier de faire venir quelqu’un de nos professeurs à Pétersbourg, et nous accorder la grâce de traiter ce sujet de bouche avec V. M. I.? Nous croyons ne pouvoir confier l’examen de ces détails si importants et si délicats qu’aux sentiments vraiment humains de V. M., qui sûrement ne veut pas que nous soyons condamné à une médiocrité, qui rabaisse notre université si fort au-dessous de celles d’Allemagne, et qui menace de paralyser nous efforts pour le but que les lumières et le cœur de V. M. nous a fait un devoir d’atteindre.
Parrot,
Prorecteur
Annexe
Observations sur les chemises de laine
L’expérience ayant fait voir que les chemises de laine produisent des effets salutaires dans les maladies séméiotiques de la peau, on a supposé à cette espèce de médecine des vertus particulières, et conseillé leur usage même dans le temps de santé. Cette usage recommandé par un médecin comme Hufeland qui surtout a écrit pour toutes les espèces de lecteurs, ne pouvait que se généraliser.
Malheureusement l’expérience a fait voir que l’usage habituel de ces chemises est nuisible, surtout aux personnes dont l’organisation est moins active (qui ont moins de force vitale dans la langue des médecins), aux personnes qui ont un tempérament vif et dont la vie est sédentaire, en général à tout être organisé qui a une peau destinée à remplir ses fonctions au moyen de l’action de l’air atmosphérique.
Cette contradiction, entre les conseils de plusieurs médecins d’ailleurs respectables et l’effet, est aisée à lever, aussitôt qu’on pose des principes de saine physique pour base.
On croit l’usage des chemises de laine utile par les raisons suivantes:
a) Elle tiennent chaud, étant un tissu qui résiste davantage au passage de la chaleur animale. – Soit; mais comme telles elles feront leur effet aussi parfaitement en guise de veste par-dessus la chemise de lin.
b) Elle sert d’incitement pour la peau, en ce qu’elle produit par son frottement de l’électricité à la surface du corps humain. – Fort bien, et à cet égard peut-être la laine remplace l’effet de l’air qui produit aussi de l’électricité sur la peau, non par frottement, mais par sa décomposition, qui, comme je l’ai prouvé dans ma dissertation, est la source de tous les mouvements dans l’organisation animale. Je dis peut-être, parce qu’il n’est pas encore décidé que l’électricité que laine produit par son frottement sur la peau soit la même que celle que l’air produit. En outre cet effet de la laine est ordinairement beaucoup trop violent, ce qui se prouve principalement par les cures de rhumatisme qu’on opère par elle. Devons-nous être traités toute notre vie comme si nous avons des rhumatismes?
c) La laine, à ce qu’on dit, offre un passage plus aisé aux vapeurs transpirées, en ce que les étoffes qu’on en compose ont des pores plus larges que ceux de la toile. –