litbaza книги онлайнРазная литератураКафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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avons attendu jusqu’au dernier instant pour laisser au Ministre tout le loisir possible. Je n’ai plus que quinze jours jusqu’à l’ouverture du semestre, et combien de choses me restent à faire! L’impression des Statuts et des lois pénales, l’immatriculation des nouveaux étudiants, une partie de leur examen, la révision générale de toute mon administration pour remettre les affaires à mon successeur, mon discours à composer, la préparation à deux cours de physique etc. Et mes jouissances avec ma famille! Sire, après une année telle que je l’ai eue, après être devenu, pour ainsi dire, étranger à ma femme et à mes enfants, j’avais le droit de leur promettre de passer quelques jours avec eux au sein du bonheur domestique, de redevenir père et époux. L’apathie du Ministre m’a déjà privé de cette jouissance; ma femme et mes enfants soupirent en vain après mon retour. Ils n’ont de mes travaux et de mes devoirs que l’amertume qui y est attachée, moi seul en ai les jouissances, et cette idée en corrompt la douceur.

Sire! Je demande justice. Puisque ni le bien public ni mes raisons ne peuvent inspirer au Ministre de l’activité, que l’autorité lui en donne! L’honneur national y est intéressé plus encore que le bien de l’Université de Dorpat.

Parrot,

Recteur

23. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, à la veille du 8 août 1803]1

Sire,

Je connais Votre malheur domestique2; je partage Vos peines et me reproche amèrement la nécessité cruelle où je suis de me plaindre en ce moment du Comte Savadofsky. Vous savez, Sire, combien le prolongement de mon séjour ici me fait négliger de devoirs, et il y a trois semaines que j’ai terminé l’affaire de nos Statuts avec la commission générale! Lorsque ces Statuts furent remis au Ministre pour les présenter à la sanction de V. M. le Général Klinger le conjura de ne pas tarder, en lui alléguant les raisons pressantes que j’avais de m’en retourner. Quelques paragraphes qui, faute de temps, n’avaient pas être discutés définitivement avaient été remis aux soins du Ministre, qui les régla quelques jours après avec mon collègue et moi. L’affaire était donc faite. – Non; il la garde encore, y apporte quantité de changements, à mon insu, à l’insu de la Commission. Enfin dimanche dernier je crus tomber au terme; l’on me remit l’original allemand: j’y trouve les nouvelles corrections.

Après avoir consulté Messieurs Novossiltzoff et Klinger, je me décidai par amour de la paix, pour pouvoir enfin quitter Pétersbourg, à ne point faire de protestation dans l’espérance de faire changer à la suite par quelques lois particulières les fautes de logique que le Ministre inocule à notre ouvrage. Cette modération n’a servi à rien, et j’apprends qu’il en est à de nouvelles corrections, et que les lois pour des étudiants et les lois de notre commission des écoles vont subir le même sort. Tout notre travail portera l’empreinte de son génie.

Sire! que faire? Il a si bien pris ses mesures qu’il est même presque impossible de lui démontrer ses torts; il a négligé dans les séances toutes les formes qui pouvaient servir à donner de la stabilité aux décrets de la Commission. Il n’est qu’un moyen de terminer en peu de jours: c’est de redemander au Comte Savadofsky tous mes papiers et de charger Messieurs Novossiltzoff et Klinger de l’examen de toutes mes affaires, comme lors de l’acte de fondation3.

Sire! daignez le faire; sans cela ce semestre est perdu pour nous et le bien public. Après tant de soins, de sacrifices, de travaux de Votre part, Vous avez en vérité le droit de vouloir enfin posséder dans Vos vastes États au moins une université complètement réglée.

24. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, 15 septembre 1803]

Dimanche matin à V heures 1.

Sire!

Puisque les circonstances ne veulent pas que <puisque j’ai dû passer ici plus de deux mois> pendant les 3 longs mois que j’ai passé ici j’aie le bonheur de Vous voir encore une fois avant mon départ, il ne me reste que ce moyen de satisfaire au besoin de mon cœur. L’Université de Dorpat Vous doit ses actions de grâces pour les bienfaits que Vous venez de lui accorder, et elle s’en acquittera avec les sentiments d’une fille reconnaissante. Moi je Vous dois des actions de grâces pour la manière dont Vous nous les avez accordés. Homme si digne d’être chéri! Recevez-les; ils partent d’un cœur qui Vous aime au-delà de toute expression. À présent que je quitte Pétersbourg et les affaires de tout genre pour rentrer dans ma carrière d’homme de lettres j’aurai moins souvent l’occasion de Vous parler de ce sentiment profond que Vous m’avez inspiré, et quand même l’occasion s’en présentera, ce fera une voix sans écho. Les mêmes raisons qui m’ont ravi les délices de Vous voir, me frustreront de Vos réponses2. – Sûr au reste que malgré le tourbillon des affaires et de Vos alentours il viendra quelquefois des instants où mon souvenir se retrouvera vivement à Votre mémoire, je pourrai peut-être me consoler d’être sous tant de rapports éloigné de Vous. Mais j’ai une prière à Vous faire. Que ces instants soient pour Vous des moments de recueillement! Sortez alors du tourbillon, rentrez dans la solitude du sentiment. Songez à l’amitié, songez surtout aux vertus domestiques3. Ne Vous lassez pas de Vous les approprier toutes. N’en croyez pas aux sophistes qui les regardent comme inutiles en parti sublime que Vous occupez. Elles sont la base de toutes les autres vertus. Elles décident de toute notre moralité parce que c’est sans cesse que nous abhorrons ou foulons aux pieds les devoirs qu’elles nous imposent. Elles exercent sur nous l’empire irrésistible de la coutume. O mon Alexandre! Saisissez-Vous de ce levier puissant des grandes actions, et si Vous l’avez déjà en main, regardez-le comme le plus précieux trésor que Vous possédiez. L’ami même, l’ami le plus dévoué, le plus sincère ne l’égale pas.

Tels sont mes adieux

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