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D’abord je voulais Vous remettre les télégraphes qui, comme je Vous l’ai déjà écrit, ont réussi presque au-delà de mon attente. Les comptes en outre doivent être payés, car sûrement Vous ne voulez ni ma ruine ni mon déshonneur.
Puis je voulais profiter de ce temps pour faire les expériences relatives à la nouvelle espèce de boulet de canon que je Vous ai proposé. Plus j’examine la chose, plus je la trouve bien calculée. Et si ces boulets font seulement le double de l’effet de boulet ordinaire, ces avantages sont inappréciables.
Enfin je voulais Vous proposer une amélioration de la poudre à canon applicable à la poudre déjà faite, et exécuter les expériences qui doivent décider de cette invention.
178. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 28 janvier 1812
Sire!
Votre silence absolu me prouve, plus énergiquement que tout ce que Vous auriez pu me dire que Vous voulez mettre fin à nos relations particulières. – Il ne me reste donc plus qu’à implorer Votre justice en Vous priant d’accepter les comptes des frais que les télégraphes ont causés et de me faire remettre avant mon départ la somme de 1850 R. 82 cop. comme l’excédent de ces frais par-dessus la somme de 1000 Rbl. que Vous m’aviez confiée en attendant pour cet objet, la somme totale se montant à 2850 R. 82 cop. Elle paraît excéder, il est vrai, de beaucoup la somme qu’il y a 3 ans j’avais jugée nécessaire à la construction de deux télégraphes. Mais cette somme contient en outre
!!!!!!!!!
Ces télégraphes, Sire, sont Votre propriété et je Vous supplie de vouloir bien m’assigner quelqu’un à qui les remettre car leur existence à Dorpat ne m’embarrasse pas moins que l’impossibilité de les payer.
En ce moment où je perds le bonheur de Vous être plus proche que le reste de Vos sujets, je crois devoir à Vous et moi-même de Vous présenter une autre espèce de compte sur tout le temps que ces relations heureuses ont duré.
Je ne Vous rappellerai pas le détail du commencement de ces relations si rares. Vous avez la gloire d’être venu au-devant de moi, d’avoir pressenti que mon cœur n’était pas indigne du rapprochement sublime que Vous avez voulu. Je me livrai sans réserve, avec enthousiasme à ce sentiment délicieux. Cependant, quelque sûr que je fusse de mes principes, je n’oubliai pas la faiblesse de la nature humaine et exigeai comme condition indispensable du contrat de notre amitié que Vous ne Vous laissiez jamais séduire à m’offrir des bienfaits qui eussent pris la teinte des grâces ordinaires; j’étais content de Votre cœur.
J’ai tenu parole. L’ordre de Wladimir, Vous savez que j’ai été forcé de l’accepter après avoir déclaré auparavant au Ministre que je n’en voulais pas. Vous avez payé les frais de trois de mes voyages ici, parce que je ne pouvais absolument pas y subvenir. Bref: j’étais pauvre lorsque je Vous approchai et je le suis également en Vous quittant, et en surplus en butte à mille ennemis que je me suis faits en Vous servant, et qui nommeront Votre éloignement une disgrâce et traiterons en disgrâcié l’homme qui autrefois leur était redoutable et déjouait si souvent leurs manœuvres.
O! si jamais l’envie Vous surprenait de nouveau de rapprocher de Vous une âme sensible et honnête – songez à Parrot, et repoussez cette malheureuse idée. Ne répétez pas ces déchirements de cœur que je souffre depuis un an. Pendant 8 ans j’ai possédé Votre cœur et par lui un bonheur qui m’élevait au-dessus de moi-même et du sort. J’étais heureux comme jamais mortel ne l’a été. En revanche je Vous ai aimé de toute mon âme; je Vous ai servi neuf ans en raison de cet amour. J’ai pris toutes les formes; je me suis plié à tous les rôles; je me suis formé à toutes les espèces de travaux pour Vous être utile; je Vous ai dit la vérité dans tous les cas, souvent la vérité la plus austère, sans ménagement, car je Vous estimais autant que je Vous aimais. Nous sommes donc acquittés l’un envers l’autre. – Voilà ma consolation dans ce moment où je Vous perds. Voilà le coussin sur lequel je reposerai ma tête avec sécurité au moment où je quitterai le reste de ce qui m’est cher dans ce monde. Un seul regret me suivra dans l’éternité, celui de n’avoir pu Vous mettre sur la voie que Vous cherchiez dans les premières années, la voie qui Vous eût fait l’idole de l’humanité, la seule qui à cette époque terrible puisse Vous garantir et la vie et la couronne. – Adieu, mon Alexandre! – Pardonnez-moi ce mot pour la dernière fois.
Votre Parrot
179. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 29 janvier 1812]1
Je Vous ai toujours estimé et aimé, mais je n’ai jamais ni approuvé, ni partagé Votre exaltation. Elle Vous conduit toujours au-delà des bornes que la raison devait prescrire. – Vous choisissez chaque fois pour arriver ici les derniers jours de Décembre et Vous y restez le commencement de Janvier, juste l’époque où de toute l’année j’ai par les devoirs de ma place le moins de moments à ma disposition. À ces empêchements qui tiennent à l’époque de l’année sont venues encore se joindre les circonstances politiques du moment. S’est-il passé un seul jour depuis Votre arrivée où j’aie fini mon travail avant 10 h. et ½ du soir ou 11? Et cependant je me suis levé depuis 6 du matin. Et certainement plus d’une fois entre temps aie-je dû passer la nuit entière à travailler. Et parce que je ne puis pas Vous recevoir au gré de Vos désirs il s’en suit que Vous êtes en disgrâce! Et Vous voilà impatienté! – Si c’est une audience de 5 minute que Vous avez