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Sire! <Je ne suis pas ambitieux, mais> J’ai cruellement souffert pendant dix ans voyant les données qu’on Vous fournit. Acceptez-en de nouveau quelques-unes de moi, ne serait-ce que pour la comparaison. Vous ai-je blessé de manière ou d’autre? Mais Vous savez qu’on se fait toujours au ton d’un homme pourvu qu’il soit vrai; et Vous avez aimé le mien pendant 11 ans. Vous l’aimerez de nouveau, ou bien Vous auriez changé de nature. Mais cela n’est pas; cent actions que je connais de Vous prouvent que Vous êtes encore intérieurement le même: le sensible, le magnanime Alexandre, l’ami de la vérité, quelque âpre que soit l’écorce dont Vous Vous enveloppez quelque fois.
Daignez répondre favorablement à
Votre Parrot.
211. G. F. Parrot à Alexandre IER
Dorpat, 14 décembre 1824
Oui, Sire! Pétersbourg peut être préservé pour l’avenir du retour des désastres du 7 Nov.1 Vous le pourrez sans faire un tort considérable à Vos finances. C’est avec une joie inexprimable que j’ose Vous l’assurer après un travail consécutif depuis la nouvelle du malheur. <Vous avez tant souffert à l’aspect de ces malheurs!> Votre âme sensible, déchirée de voir périr sous Vos yeux ces victimes de la fureur des éléments, n’a trouvé que dans le secours de Tout-puissant la force pour soutenir cet aspect. Permettez à la Science de Vous offrir à présent la seule consolation digne de Vous, l’assurance que Vous pouvez parer à ces maux pour l’avenir. Avec quelle satisfaction je Vous présenterais en ce moment mon travail! Mais je ne le puis, parce que je l’ai calqué sur la carte qui se trouve en tête de l’itinéraire de Pétersbourg de Schröder2, carte qui a l’an 1820 pour date et que j’ai dû par conséquent croire assez juste pour servir de base à mon travail, sauf les petits changements que les mesures immédiates prisent exprès sur les lieux apportent de règle aux plans de ce genre. Mais un hasard heureux m’a procuré ensuite la grande carte faite par ____ et datée de la même année, qui m’a prouvé que celle dont je m’étais servi est si totalement fausse que je dois rejeter mon travail. Cependant j’ai refait <à la hâte> les calculs en gros, dont le résultat est que le système de digues, tant en pierres qu’en terre, qui couvrira Pétersbourg, ne coûtera pas plus de 26 000 000 Rbl. Peut-être faut-t-il en outre un canal de décharge avec écluses, qui commence à la grande courbure de la Newa où ce fleuve majestueux change son cours du sud au nord en celui de l’est à l’ouest; et ce canal pourra coûter le quintuple de cette somme. La question si importante, si ce canal sera nécessaire ou non, ne pourra se décider que par un nivellement <très exact> et la mesure de ce que le fleuve entier fournit d’eau dans un temps donné, travail qui exige un homme très versé dans les expériences qui ne se pardonne aucune erreur. <Ce point est de la plus grande délicatesse.>
Il est inconcevable que le fondateur de Pétersbourg, qui avait séjourné en Hollande et pris des Hollandais à son service, n’ait pas placé sa nouvelle capitale là où la Newa coule du sud au nord, position inaccessible à l’océan et qui lui eût offert un port d’une sûreté absolue, et que l’ayant placée dans une position si exposée, il n’ait rien fait pour l’assurer contre l’océan. Il est encore plus inconcevable, qu’après plusieurs exemples d’inondations désastreuses, on n’ait rien fait à cet effet pendant un siècle entier.
A-t-on cru la chose impossible? Mais la Hollande prouve le contraire. A-t-on redouté les frais? Mais les pertes causées par une seule inondation les égalent ou les surpassent, et les milliers de personnes qui le 7 Nov. ont été la proie des éléments, quel prix mettra-t-on à leur vie? Et les angoisses de cette grande capitale à chaque tempête, les compte-t-on pour rien?
Sire! Telles sont les questions que Vous faites Vous-même à la génération du siècle passé. La postérité nous les fera si l’on abandonne Pétersbourg aux hasards de ces malheurs. Mais d’autres considérations viennent à l’appui de celles-là. On craint à juste titre que le 7 Nov. ne porte un coup funeste au crédit du commerce de Pétersbourg. Or l’on ne pare pas ce coup en déprisant les pertes <que le commerce a faites et surtout>, en laissant la perspective de celles qu’il peut faire encore. Il n’est qu’un moyen de faire revivre l’opinion de sûreté chez le marchand étranger; c’est que le Gouvernement déclare qu’on commencera avec le printemps prochain un système de travaux qui mettront Pétersbourg à l’abri des fureurs de la mer et qu’on emploie déjà cet hiver aux préparatifs.
Un autre motif encore plus pressant est la vraisemblance que ces ouragans se renouvelleront peut-être souvent; tant que le climat de nos contrées ne sera pas rétabli dans sa forme ordinaire, tant que nos étés seront froids et pluvieux et les hivers mous. <Le temps des grands orages est celui du passage de l’été à l’hiver et de l’hiver à l’été (qui ne connait pas les tempêtes des équinoxes?), ces moments où la nature produit ces grands mouvements dans l’atmosphère comme pour changer de décoration. Elle nous offre la même analogie aux Indes dans chaque passage d’une mousson à l’autre et sur toutes les mers dans les moments qui suivent un long calme. Cette crainte fondée trouve encore un appui dans> L’on peut en outre, sans donner dans les prophéties météorologiques, regarder la période de temps où nous sommes comme très omineux, l’histoire des années 1720 jusqu’à 1730 fournissant 5 grandes inondations de Pétersbourg3, et les grands vents d’ouest, sud-ouest et nord-ouest n’ayant depuis le mois d’octobre presque pas cessé de souffler jusqu’à présent.
Mettez donc, Sire, la main à l’œuvre. Soyez l’ange tutélaire de Pétersbourg. Protégez Votre capitale contre les fureurs de l’océan. Il n’y a pas de temps