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Des légions de Grecs du continent de l’Asie mineure, lassés de la domination turque, viendront s’établir dans les ports nombreux de la mer Noire et vivifier par le commerce la Romanie et la Bulgarie.
Vous avez, Sire, tout le temps de la conquête pour choisir entre ces deux partis; mais quand Votre choix sera fait, que sa publication et son exécution aient lieu en même temps. Rien ne pourra Vous arrêter. Vous avez pour Vous l’opinion de l’Europe, la force de Vos armées et l’enthousiasme de Votre nation qui applaudira de cœur et d’âme à la délivrance de ses frères de la Grèce et verra dans cet affranchissement Votre volonté décidée de soutenir sa Religion.
La dernière difficulté est de sauver Votre ambassadeur. Elle se lèvera plus facilement qu’autrefois, puisqu’on peut l’avertir d’avance. Les autres ambassadeurs pourront, s’ils le veulent, en faire de même. Avec de l’argent on fait tout dans ces occurrences.
210. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 26 octobre 1824
Sire!
Tout concourt depuis quelques jours à me rappeler vivement les anciens, les beaux jours où j’osais me dire que <je Vous possédais> Vous m’aimiez1. J’ai reçu un petit bas-relief de Votre portrait d’une ressemblance parfaite et j’ai vu la Grande Duchesse Marie, cette sœur incomparable qui sait Vous aimer, et ses deux charmantes Princesses qui rivalisent déjà avec leur mère en amour pour Vous. J’étais pénétré de joie à cet aspect à chaque mot qu’elles me disaient de Vous; mais un retour sur moi-même m’a resserré le cœur. Elles vont chez Vous; Vous les presserez contre Votre cœur, et moi? – Plus jamais!
Et cependant je devrais Vous voir, non seulement pour moi-même, mais surtout pour Vous. Vous êtes à la veille de signer un nouveau règlement général pour les universités et les écoles de Votre Empire, et à en juger par l’Ukase provoqué par les événements de Wilna que nous avons reçu dernièrement, il sera terrible pour l’instruction publique2 <encore plus que pour la jeunesse>. Sire! faites de moi ce que Vous voudrez, mais je Vous dois la vérité. Vous êtes au moment de tout détruire et de perdre la gloire que Votre instruction publique Vous a valu depuis 20 ans. Ces Grands, qui Vous proposent des règlements, ont beau flétrir la jeunesse, détruire les germes du génie et de la science. Les uns sont célibataires, les autres n’envoient pas leurs fils aux écoles et aux universités. C’est un père et un père dont les fils ont fait leurs études à ces instituts en mêmes temps méprisés et enviés, c’est un père qu’il faut consulter quand il s’agit de régler les destinées de la jeunesse, l’espoir des pères et des mères, le soutien futur du Gouvernement.
On n’a pas même consulté la Politique dont on parle tant dans ces dernières propositions qu’on Vous a faites. Par quelle raison parle-t-on à notre jeunesse de séditions ou de complots tramés en Pologne? Pourquoi doit-elle savoir cela? Ni le Livonien ni le Russe ne sont polonais. Ni l’un ni l’autre ne s’occupent prématurément d’idées politiques. Il est vrai qu’il n’a pas tenu au directoire de l’instruction publique que ces idées dangereuses ne germent dans la tête de nos écoliers lorsque, il y a trois ou quatre ans, on nous ordonne de faire instruire dans les gymnases l’histoire universelle dans ses rapports avec la Politique. Mais les Carbonari de la commission des écoles de Dorpat ont représenté très humblement qu’il y aurait quelque danger à imbuer de pareilles idées les têtes folles de la jeunesse et ne l’ont pas fait. À quoi mènent enfin toutes ces ordonnances, qui chargent les professeurs de tant de travaux hétérogènes? À faire naître un monstre qu’il faut étouffer ensuite. Solon ne prononça pas de peine contre le parricide disant que la jeunesse de la Grèce ne doit pas savoir qu’il a existé des parricides. Voilà l’esprit de la vraie législation. Le Gouvernement n’est-il pas assez fort pour, en tout cas, faire donner la verge à un écolier, sans lui dire d’avance qu’il est redoutable à l’État? Le roi d’Espagne vient de suspendre toutes les écoles de son royaume pour faire oublier à la jeunesse les idées libérales. C’est le plus sûr moyen de les perpétuer dans ces têtes à présent oisives.
Voilà pourquoi, Sire, je Vous demande d’aller à Pétersbourg, c.à.d. de Vous voir, car sans Vous Pétersbourg n’a pas d’attraits pour moi. <Je trouverai les 1000 Rbl. que me coûtera ce séjour.> Je sollicite cette grâce; je Vous presse de me l’accorder au moins pour une fois encore; je Vous conjure par Votre propre intérêt et par mon amour sacré pour Vous, qui ne veut pas me quitter, de ne pas me refuser. Dites-moi un mot, et je paraîtrai ou en particulier, ou officiellement, comme Vous jugerez à propos.
Doutez-Vous donc de mon honnêteté, de mes principes? Je ne parle pas de la connaissance intime que j’ai de cette partie, mérite fort ordinaire après vingt deux ans de travaux, mais qui manque totalement <aux Grands> à Vos conseils qui ne voient les universités et les écoles que dans l’éloignement, sans idée de leurs rapports intérieurs, mais s’imaginent cependant qu’il suffit d’un coup d’œil pour juger et agir. Vous défiez-Vous de ma chaleur? À l’âge de 58 ans elle n’est plus immodeste et il ne dépend que de Vous de la calmer. Ai-je jamais été