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B. De l’humidité qui traverse les murs
C’est ce fléau qui rend l’Hospice du grand St.Bernard inhabitable au point que les religieux, qui l’habitent cependant, atteignent rarement l’âge de 30 ans. J’ai proposé publiquement les moyens d’y remédier et ouvert une souscription pour subvenir aux frais, souscription qui s’est propagée dans toute l’Europe et est encore ouverte; j’aurais eu sûrement la satisfaction de lire le nom de l’Empereur Alexandre au nombre des souscripteurs, même avant celui du roi de Sardaigne, si la chose fût parvenue à Sa connaissance. Le travail a déjà commencé l’année passée et se continue en proportion de l’arrivée des fonds. Je pourrais proposer les mêmes moyens pour les casernes; mais la position de l’Hospice du St.Bernard, à une hauteur de 1278 toises et plongé dans des nuages et un hiver perpétuels, exige des précautions et cause des frais que la position moins désavantageuse du pays plat ne justifierait pas. Voici le moyen que je propose pour les casernes.
Soit AA (Fig. I) la coupe horizontale du mur (trumeau) entre les deux fenêtres B et B. Il s’agit d’empêcher l’humidité des murs AA, B et B de se répandre dans l’intérieur. On construira pour cet effet des doubles cadres de bois a b b a et dans lesquels on tendra une double toile i i i i bien goudronnée, de même que les cadres. La figure II représente un de ces cadres vus de face et la fig. III une coupe transversale, où l’on voit la double toile d e entre les deux cadres a et b. Ces cadres sont fichés au mur de sorte qu’ils le couvrent sur toutes les parties qui peuvent fournir de l’humidité et qu’il reste entre la toile goudronnée et le mur un espace vide de 1½ pouce. Pour protéger la toile des chocs qui pourraient la déchirer et empêcher l’odeur du goudron de pénétrer dans les salles, on couvrira ces cadres d’une paroi b c c b de planches torchée et plâtrée à la manière ordinaire, en sorte que cette paroi aura l’air d’un mur et en fera l’effet. L’espace vide CC et CC entre le mur B de la fenêtre et les cadres sera fermé par une planche peinte à l’huile des deux côtés et qui débordera le cadre et la paroi jusqu’à la ligne q x.
Cette construction aura non seulement l’avantage d’arrêter la propagation de l’humidité dans les salles, mais aussi celui de contenir en hiver la chaleur des salles. Car pour que le calorique se perde il sera forcé de traverser de l’intérieur à l’extérieur le plâtre ou la chaux de la paroi, le bois de la paroi, l’air entre la paroi et la toile goudronnée, la toile goudronnée, l’air entre cette toile et le mur et enfin le mur lui-même, et la perte souffrira un déchet notable à chaque passage d’une de ces substances à l’autre: ce qui causera une épargne considérable en bois de chauffage.
Mais l’humidité qui se logera entre le mur et la toile goudronnée ne doit pas y rester enfermée, défaut qu’on doit reprocher aux projets de dessèchement des casernes qui sont parvenus à ma connaissance. Pour cet effet on percera dans le mur des trous de 10 p. de longueur et 3 p. de hauteur dont on en voit un dessiné en face à la Fig.V. Ces soupiraux alterneront entre le haut des trumeaux et le bas des fenêtres; leur direction est indiquée par les lignes h t l k, d d f f, g e e g. Ainsi il s’établira une circulation entre l’air extérieur et l’air contenu entre le mur et la toile goudronnée, en sorte que celui-ci ne sera jamais guère plus humide que celui-là. Mais comme les lattes tranversales des cadres arrêteraient cette circulation, on doit enlever le plâtre du mur derrière ces lattes, ce qui est exprimé à la Fig. II par les lignes m m m m, n n n n etc. En hiver, lorsqu’il se sera établi un froid continu de 5 à 6 degrés on fermera ces soupiraux au moyen d’un simple brique, cette circulation de l’air n’étant plus nécessaire, et on les rouvrira au commencement du dégel.
C. De l’humidité produite par un excès de population
Le soldat est toujours et partout logé à l’étroit dans les casernes: c’est un mal nécessaire qui cause deux inconvénients, la corruption de l’air et une grande production d’humidité.
Les expériences du célèbre Humphry Devy et les miennes s’accordent à prouver qu’un homme fait et bien portant consomme par la respiration dans une journée 21 pieds cubes des airs en gas oxygène. Celles de Lavoisier et Séguin portent cette consommation par la transpiration à 33 pieds cubes, ce qui fait en tout 54 pieds cubes, qui sont remplacés par un volume égal d’acide carbonique. Or comme l’air atmosphérique est déjà malsain lorsqu’il contient 2 p. C. de ce gas mortel, qui a en outre la propriété de retenir fortement l’humidité, il s’en suit qu’on peut admettre qu’un homme fait corrompt en 24 heures 4800 pieds cubes d’air, qui doivent être enlevés et remplacés par de l’air pur. La production de l’humidité suit à peu près la même proportion. C’est sur ces données que l’on doit baser la construction des soupiraux destinés au renouvellement de l’air, car les petits ventilateurs adaptés aux fenêtres ne suffisent pas à produire cet effet. Mais il est difficile de donner une description générale de cette construction. Il faut pour cela voir le bâtiment et se régler sur ses localités. Ce qui ne pourra avoir lieu que lors de mon premier voyage à Riga.
Parrot
209. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 10 août 1824
Sire!
Je <ne puis plus contenir> ferais violence à tous mes sentiments si je contenais plus longtemps mon zèle pour Vos intérêts, pour Votre gloire, pour Votre Personne chérie. <Je me fais violence depuis plusieurs années.> Cent fois j’ai voulu mettre la main à la plume,