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Les Grecs ont gémi également pendant quatre siècles sous le joug ottoman, avec cette différence cependant que le sol qu’ils habitent est leur vraie patrie, qu’ils n’ont pas abandonnée depuis plus de 3000 ans <à laquelle ils sont attachés par les souvenirs les plus glorieux>. Comme les Israélites ils veulent se soustraire à une tyrannie insupportable, mais ils ne veulent ni s’emparer d’un pays étranger, ni exterminer la nation qui l’habite, ils défendent leur pays natal, leur antique propriété. Vous croyez assurément, Sire, que la Providence veille sur le sort des peuples. Elle a suscité Moyse pour affranchir Israël du joug égyptien; elle a suscité <Arminius> Hermann pour délivrer la Germanie de la domination romaine. – Soyez le Moyse, le Hermann des Grecs; Vous le pouvez facilement, sans craindre le reproche d’ingratitude; car la fille du sultan ne Vous a pas sauvé la vie et la cour de Constantinople n’a pas soigné Votre éducation. L’humanité Vous y invite; car si Vous vouliez Vous méfier de Votre noble cœur qui Vous y porte, la voix publique de toute l’Europe (excepté celle de la Politique), les dons pour les Grecs qui leur viennent de toute part, les émigrations qui se font publiquement en leur faveur, les secours que Vous-même avez accordés aux Grecs fugitifs, qui dans la morale du Gouvernement turc sont des révoltés, même le suicide de Lord Castlereagh – sont justifie Votre sentiment.
La Religion ajoute sa voix sublime à celle du droit et de la compassion. Les Grecs sont Vos frères dans un sens plus intime que tout autre peuple, et s’ils succombent, c’est cinq millions de chrétiens qui disparaissent de la surface de la terre, perte que des milliers de missionnaires ne répareront pas un siècle. Et si la Porte parvient à les assujettir, alors Votre intercession viendra trop tard pour alléger leur sort, dont Vous serez le premier à en gémir. Ce sont des chrétiens grecs, aux ancêtres desquels Votre nation doit sa Religion, sa première industrie, ses premières lumières <et par conséquent le rôle qu’elle joue aujourd’hui sur la scène du monde>, le germe de ce qu’elle est aujourd’hui. Vous avez créé, Sire, la Sainte Alliance pour protéger la Religion, sûrement pas celle des musulmans contre la Vôtre; et ce sont ces saints alliés qui Vous détournent de sauver la religion chrétienne de la perte irréparable qu’elle va essuyer. Rompez, rompez, Sire, cette trame <diverse, qui a même pu pendant 4 ans soutenir secrètement la Turquie dans son refus contraire aux traités d’évacuer la Moldavie et la Walachie, tandis qu’il suffisait de dire sérieusement à ce Gouvernement disloqué qu’il dépend de Vous de mettre fin dans 6 semaines à l’Empire Ottomane en Europe> qui dure si longtemps et ruine Votre vraie gloire. Devenez le sauveur d’un peuple héroïque qui a prouvé par cette lutte terrible de 5 ans qu’il mérite la liberté. On n’osera pas Vous opposer Vos propres procédés dans les affaires de Naples, de la Sardaigne et de l’Espagne. Là il s’agissait de prouver que la soldatesque ne fait pas impunément des révolutions. Ici tout est différent; les Grecs n’avaient pas de soldats; ils naissent sous l’étendard de la liberté comme dans les champs de Platée, de Marathon, de Borodino, de Leipzig <et cet enthousiasme qui triomphe toujours de nombre prouve que l’insurrection des Grecs n’est pas une affaire de parti, mais le résultat d’une volonté nationale; et les 4 années de la guerre la plus cruelle qui soutiennent avec héroïsme prouvent que c’est sérieusement qu’ils veulent la liberté. Pourquoi donc les abandonner? Il n’en peut résulter qu’une plus grande effusion de sang et peut-être l’anéantissement de la nation et de sa Religion>. Ce n’est pas un complot, mais la suite nécessaire de l’oppression poussée à toute outrance.
Ainsi le droit, l’humanité, la Religion et même la saine Politique, surtout la Vôtre, Sire, exigent l’affranchissement des Grecs. Votre Politique, dis-je, Votre position vis-à-vis de l’Europe et Votre nom auprès de la postérité; car il est temps que Vous prouviez que Votre bonne foi et Votre patience peuvent être déçues pour un temps mais pas pour toujours.
Le principe étant posé, il s’agit d’examiner les moyens d’exécution. De toute façon ils ne peuvent Vous manquer. Mais n’espérez rien des négociations. Prononcez Votre volonté et que l’exécution la suive incessamment. La célérité assurera le succès presque sans effusion de sang et déjouera la politique ordinaire qui verra la chose faite avant qu’elle ait eu le temps de revenir de son étonnement. La rive gauche du Pruth et celle du Danube (du Pruth à la mer Noire) sont Vos frontières du côté de la Turquie. Une de Vos