litbaza книги онлайнРазная литератураКафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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bruit. Au contraire l’Étoile <feuille ministérielle> se borne à opter entre les versions de cette importante nouvelle, livrées par le Courrier français et la Quotidienne, à quelques observations politiques et morales. Ainsi, dans la supposition de la vérité du fait dont je ne puis douter, daignez, Sire, me permettre quelques observations d’abord sur le fait même, puis sur l’intérêt qu’il peut avoir pour Vous et pour la Russie.

Si le Ministère britannique a été décidé en janvier, comme j’en suis persuadé, l’ouvrage devait, même malgré le changement des chefs grecs, être terminé en Mai, s’il ne s’élevait pas des difficultés imprévues. Mais comme il ne l’a été qu’au 1er Août, il est clair <qu’il y a eu des obstacles, qui ne peuvent être que> que la répugnance, qu’ont les Grecs à être traités comme l’Irlande et les colonies anglaises, a retardé le succès de la négociation. Le siège de Missolonghi, les avantages de Seraskier en Morée, la réunion des deux flottes ennemies, peut-être le manque d’argent et surtout la persuasion que, même si chaque victoire ne leur coûte que le tiers en hommes qu’elle coûte à l’ennemi, la Grèce cessera d’exister faute d’hommes parce que la Porte peut dépeupler ses provinces asiatiques pour égorger jusqu’au dernier des Grecs – toutes ces considérations réunies ont enfin porté <les Grecs> cette malheureuse nation à vaincre cette répugnance pour se soustraire décidément au joug ottoman. En effet si les Grecs ont combattu pendant 4 ans avec un héroïsme qui égale tout ce que l’histoire nous offre de grand, il est bien sûr que c’était pour former une nation indépendante et non pour se soumettre à la domination de l’Angleterre.

Tel est, je pense, l’état des choses, et il me semble que les affaires n’ont proprement pas changé par cette démarche du Ministère britannique. Il s’agit seulement de savoir si les Grecs préféreront l’indépendance au joug; ce qui n’est pas douteux; et la déclaration du gouvernement provisoire à Napoli di Romania ne sera pas admise par la totalité des Grecs dès qu’il s’offrira des moyens de soutenir l’indépendance. La France et l’Autriche voudront offrir ces moyens, mais sans succès; la première à raison de son éloignement, de son manque de flotte et de l’idée de soutenir son crédit près de la Porte, qui lui coûte de si belles sommes d’Ambassade; celle-ci parce qu’il lui faut toujours 6 mois pour faire marcher un régiment et parce que le Prince Metternich peut-être voudra ne pas paraître avoir été la dupe du cabinet de Londres. Pendant que ces deux puissances s’aviseront, négocieront etc. les choses se termineront en Grèce et la Station du Levant se renforcera jusqu’à 100 voiles, s’il le faut, pour soutenir le nouveau protectorat.

Vous, Sire! êtes le seul qui puisse agir; car négocier dans un moment comme celui-ci, c’est ne rien faire4. Commencez par dominer les événements et faites après ce que Vous voudrez. Trois cent mille baïonnettes russes et quelques pièces de siège peuvent seuls arracher la Grèce à l’avidité anglaise et en faire un État européen et monarchique <avec un roi et une constitution représentative comme celle de la Pologne>. Et cela doit être si la Russie ne veut pas perdre tout son commerce sur la mer Noire et s’assujettir au monopole anglais pour toutes ses relations commerciales avec le Levant. Car soyez sûr, Sire, que si la grande Grèce se soumet à l’Angleterre, dans deux ans au plus l’Asie mineure secouera le joug Ottoman et les anglais forceront de ce côté-là les Turcs de leur céder (il ne faut jamais oublier Gibraltar) les Dardanelles et Scutari qui les rendront maîtres de l’entrée de la mer Noire <qui leur offrira les plus beaux débouchés au Perse>, voisinage mortel pour tout le commerce russe de ces parages. Les Anglais en outre visent, depuis les campagnes de Bonaparté en Égypte, à devenir les possesseurs de l’Isthme de Suez pour le couper et arriver à Calcutta dans la moitié du temps qu’il leur faut aujourd’hui, et une puissance considérable sur cette côte de l’Asie les mènera à ce but. Car de l’Asie mineure jusqu’à Suez il n’y a que la Syrie, désert facile à enlever à la Porte en offrant au zèle religieux des Grecs la perspective de délivrer les lieux saints de la domination des musulmans. L’Égypte ne s’y opposera pas, parce que, cette opération le séparant géographiquement de la Turquie, elle saisira l’occasion qu’elle cherche depuis longtemps de s’en séparer politiquement. L’Angleterre reconnait les nouveaux États d’Amérique afin d’être leur colporteur et une compagnie anglaise a déjà formé le plan de couper l’Isthme de Panama. Ces deux projets exécutés, l’Angleterre embrassera le globe entier des deux côtés et ses flottes guerrières et marchandes porteront partout les lois d’Albion. Les États-Unis d’Amérique forment dans leur hémisphère un contrepoids à ce colosse de puissance navale. La Grèce doit et peut seule le faire dans notre hémisphère <c’est à elle à posséder l’Isthme de Suez>.

Veuillez, Sire, ne pas prendre pour des rêves ces vues étendues. Elles sont fondées sur la nature des choses, et Vous les verrez se réaliser. L’intérêt général exige que la Grèce soit indépendante. Le Vôtre est que la Russie domine la mer Noire et la mer Caspienne pour conserver à Votre nation sa plus belle branche de commerce. Donc il faut agir. Comptez de plus, Sire, que Vous aurez la guerre, de manière ou d’autre. Elle est inévitable; et si cela est, il faut la faire de soi-même et non entraîné par les événements. La possibilité de la faire et de la faire de suite est pour moi hors de doute; car sûrement Vous n’avez pas été spectateur oisif du grand drame qui se joue dans Votre voisinage sans Vous être préparé de toute manière à frapper Votre coup lorsque les circonstances l’exigeront. La seule difficulté à lever est le défaut de confiance de la part des Grecs. Mais elle se lèvera complètement en leur envoyant Capo d’Istria en qualité d’Ambassadeur plénipotentiaire.

Daignez, Sire, ne voir dans mon

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