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220. G. F. Parrot à Alexandre IER
Dorpat, 14 octobre 1825
Sire!
J’ai besoin de toute Votre bienveillance pour fixer le sort des dernière années de ma vie. Oubliez donc que je Vous ai peut-être déplu par mes lettres sur les Grecs. – Mais non: Daignez plutôt Vous en souvenir et voir dans ces lettres le désir impérieux que j’ai de Vous servir, même au danger de perdre Vos bonnes grâces.
J’ai demandé ma retraite, ayant servi les 25 ans prescrits par nos Statuts pour cet effet, et désirant vouer uniquement à ma science le reste de mes jours. Terminant ainsi ma carrière civile, je désire une arrende de 1000 Rbl. argent (Vous l’avez accordé au Recteur Ewers pour 5 ans de Rectorat) parce que l’éméritation m’appauvrira de 1500 Rbl. annuels et que je ne pourrais plus satisfaire le besoin impérieux de bienfaisance dont je me suis fait une si douce habitude, parce que je serais forcé de manger moi seul tout ce que j’ai, et cela m’est impossible. Vous avez reçu, Sire, ou recevrez sous peu, par le Comte Liewen et le Ministre, ce vœu que j’ose Vous adresser.
Mais je confie à Votre cœur aimant une seconde prière, c’est que cette arrende à vie soit en même temps désignée à ma veuve. Pendant tout le temps de mon service, que je donnais en entier à mes devoirs, elle n’a joui de ma présence qu’aux heures des repas et a partagé par contre toutes les sollicitudes et souvent les détresses où me jetait le désir de Vous servir de toutes manières. N’y a-t-il pas quelque équité à ce qu’elle en soit récompensée par une vie aisée dans ses vieux jours?
Je conçois, Sire! que Votre sentiment de bienveillance ne peut pas être la seule règle de Vos bienfaits et que l’Empereur est souvent obligé de se refuser à ce que son cœur désire. Permettez-moi donc d’offrir à l’Empereur quelques motifs qui justifient ses gracieuses intentions.
En devenant professeur à Dorpat je me suis imposé le double devoir d’en remplir les fonctions avec zèle et de faire honneur à ma place par mes travaux littéraires. Vous savez, Sire! par Vous-même, par tous les Ministres et Curateurs sous lesquels j’ai servi, et par la voix publique si je me suis acquitté du premier de ces deux devoirs. Quant au second, le Ministre Vous présentera une liste de mes écrits, au nombre desquels il se trouve 15 livres proprement dits, 62 traités particuliers disséminés dans les journaux de physique et de chimie (deux nouveaux viennent de paraître) et plusieurs discours académiques1. Le Ministre joindra à cette liste celle de 14 sociétés littéraires qui m’ont fait l’honneur de me nommer leur membre. J’ose ajouter que j’aurais fait davantage pour la science et ma célébrité, si je n’eusse pas voué plus de la moitié de mon temps à l’administration de l’université et des écoles, pour lesquelles je me suis sans cesse chargé de travaux extraordinaires de tout genre, que j’avais le droit de décliner. Vous connaissez en outre, Sire! d’autres de mes travaux, qui ne tiennent pas à mes relations de professeur, tels que le télégraphe, l’amendement des casernes, la souscription pour l’hospice du Grand St.Bernard et mon travail pour mettre la capitale à l’abri des inondations. Enfin Vous n’avez pas oublié mes voyages à Pétersbourg faits presque tous à mes frais et le tas de lettres et d’autres papiers voués à Vous seul. Je les ai en ce moment sous les yeux, ainsi que Vos lettres si chères à mon cœur, que je regarde comme le plus beau monument de ma vie et que la postérité verra de même œil.
Permettez-moi enfin, Sire, d’ajouter que je crois pouvoir faire encore quelque chose pour mériter la grâce que je Vous demande. Mes connaissances, soutenues d’une expérience de 40 années, me mettent en état de juger de la validité de nombreux projets qu’on offre à Votre sanction; je crois l’avoir prouvé surtout par mon travail contre les inondations et le bâtiment mouvant que je construis pour le grand télescope. Si Vous vouliez, Sire, ordonner qu’on me communique les principaux projets qui ressortent de la physique, avant qu’on Vous les présente, peut-être que mon jugement Vous épargnerait bien des frais inutiles.
Vous jugez sûrement, Sire! que voulant travailler encore pour ma science et ses nombreuses applications, je ne puis m’occuper de l’économie d’une terre. Je joins donc aux vœux que j’ai énoncés, celui de recevoir, non une arrende en nature, mais sa valeur de 1000 Rbl. argent, à compter du 10 décembre de cette année, jour où mes 25 ans de service seront écoulés.
Vous m’accorderez la grâce que je Vous demande; mon cœur me l’assure. Mais y ajouterez-Vous, à cette époque si importante de ma vie, quelques lignes qui m’instruisent que Vous le faites avec quelque satisfaction? Vous comblerez par là le bonheur de
Votre Parrot.
Перевод
1. Г. Ф. Паррот – Александру I[241]
Речь перед императором Александром I при его первом приезде в Дерпт
[Дерпт, 22 мая 1802 г.]
Государь!
Только что слышали Вы рукоплескания Вашего народа, рукоплескания столь искренние и неподдельные, какие слышать доводится лишь монархам горячо любимым. Тронуты Вы сим глубоко; великое сердце Ваше испытывает в сию минуту сладчайшее из наслаждений, кое в уверенности заключается, что творите Вы в самом деле все то добро, какое сотворить желаете, и сии крики радости и доказательства любви нашей предвестием служат приема, какой окажут Вашему Величеству во всякой провинции, какую Вы своим приездом почтите. Государь, перенеситесь мысленно в любую точку обширной Вашей империи, узрите в сию же минуту весь народ Ваш у Ваших ног и знайте, что каждый из подданных Ваших благодарит Вас за милость, ему оказанную. Землевладельцы сей провинции обязаны Вам уменьшением податей, литераторы – возрождением