litbaza книги онлайнРазная литератураМои воспоминания. Под властью трех царей - Елизавета Алексеевна Нарышкина

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pouvais rien faire! J’étais au comble de la confusion, je me tus, je fis comme les autres, j’écoutai. Fredro lisait cependant, il lisait avec expression d’approbation, qu’un murmure confirmait. Je suivais avec avidité chacune des paroles, qui sortaient de sa bouche. Mes vers me semblèrent mélodieux, un horizon sans bornes s’ouvrait devant moi, une jouissance pure enivrante faisait frémir mon âme, je me sentais poète enfin! Et cette conviction descendit sur moi avec son auréole que le monde ne connait pas, car il ne donne rien qui у ressemble. Le сiel, le soleil couchant, dont les rayons jouaient avec les arbres, la brise qui caressait mon visage tout semblait m’inviter à un commerce doux fraternel, car l’âme poetique et les merveilles de la nature vivent dans un accord plein d’harmonie. Pendant que j’éprouvais ces différents sentiments Fredro avait fini de lire. II monta chez nous. „Princesse, me dit il, je ne puis pas vous remercier de m’avoir laissé lire vos vers, car assurément il est impossible d’avoir mis plus de mauvaise grâce à accorder cette permission, que vous ne l’avez fait, mais je remercie votre frère pour la jouissance qu’il vient de me procurer“. Fredro me dit encore bien des choses du même genre, j’en fus enivrée, j’en fus heureuse et je m’enfuis pour le confier à l’heure même à ce cher et discret confident. Suis-je vraiment poète? Ah! Сe don serait trop divin pour mon âme!

Lundi 28 Juillet. Fredro nous parle de sa tristesse de quitter Oranienbaum. „Je ne puis vous exprimer, — nous dit-il, — la peine que j’éprouve à quitter cet Eldorado ce paradis sur la terre, où on est à l’abri de toutes les préoccupations de la vie, de toute inimitié de la part des hommes, où les plus graves soucis qu’on ait sont les craintes de n’avoir pas assez de fleurs pour les tableaux“. La tristesse de Fredro me gagna, je me sentis d’une mélancolie vague, qui me suivit dans mes lectures. En effet c’est avec chagrin, que je vois la fin des bonnes relations, qui nous ont unis cet été. Deux jours restent encore, car le 25 la grande-duchesse part pour Strelitz et nous pour la ville d’abord et puis pour Stepanowsky. „Adieu, — me dit Fredro, en partant, — conservez moi un bon souvenir, et cultivez votre bien bien beau talent. N’arrêtez jamais l’essor de votre inspiration, lorsqu’elle se fera sentir et dans ces moments pensez un peu à moi“. Ce soir nous eûmes une longue conversation très confiante avec Hélène Strandman. Elle me dit que j’étais très dissimulée que je cachais avec soin mes sentiments et mes actions même les plus simples, que j’étais énormément exaltée et qu’il у avait dans mon caractère de quoi souffrir beaucoup. Elle a peut être raison, mais je m’étonne qu’elle l’ait compris.

Jeudi 25. Je reviens dans notre Кавалерский корпус, après avoir reconduits nos chers partants jusqu’à Cronstadt. Il faisait si beau, quand nous nous arrêtâmes en vue du magnifique bâtiment l’Olaf qui devait les emporter. La musique salua l’arrivée de la grande-duchesse, C’était joli à voir, et joli à entendre en plein air, en pleine mer par un temps aussi merveilleusement splendide. On monta sur le superbe bâtiment de guerre, tous les officiers étaient en grande tenue, tout avait un air de fête. Il fallait bientôt prendre congé et nous le fîmes bien cordialement de part et d’autre. Et maintenant que cette page est tournée je jette un long et triste regard sur le séjour qui vient de finir, et je m’en retrace les incidents si récents encore, mais qui dès ce moment tombent dans le gouffre du passé et ne vivront plus qu’en souvenir! Adieu, charmant séjour, adieu! Mon coeur est triste, mon esprit inquiet… Ah! je sens que je me suis gâtée au contact du monde! Pourquoi cette tristesse? Dans trois jours, ne serai-je pas à Stépanowsky? Pourquoi cette pensée ne me réjouit elle plus, comme par le passé? Se peut-il que j’aie à ce point contracté l’habitude d’une vie mondaine que la solitude de la campagne m’effraye et ne me suffise plus? Oh, mon coeur que vous êtes faible! Que vous vous attachez facilement aux jouissances terrestres!»[357]

В нашем милом Степановском я успокоилась и вернула свое равновесие. Мы с сестрой занимались нашей школой, и я по целым часам ездила верхом в сопровождении моего берейтора, отставного вахмистра, уроженца одной из наших деревень. По свойству моему сближаться с людьми, я вступала с ним в продолжительные разговоры и ловила в его словах черты души народной. Раз он сказал мне, вздохнув глубоко: «Если бы жив был Государь Николай Павлович, мы Севастополя никогда не отдали бы». Так дорога нашему народу честь родины. Можно судить по этому, как болезненно отзывались на нем поражения последней войны.

Осенью в Царском Селе я была официально представлена, и, согласно тогдашнему этикету, в платье декольте — хотя это было утром после обедни, Императрица сказала мне: «C’est vous, ma chère, qui faites de si jolis vers?»[358] Я смутилась и отвечала: «Ils ne sont pas bien fameux, Madame»[359]. «Si fait, — продолжала Государыня, — on m’en a parlé avec beaucoup d’éloges»[360]. Мой первый бал был гусарский. Мне сделали по этому случаю красивое белое тюлевое платье, очень воздушное и пышное. Я чувствовала себя хорошо одетой, и мне было особенно весело. Вообще в эту зиму я веселилась вовсю. Придворных балов было очень много, больших и малых, и folle journée[361], и ни в одном дворце не происходило танцев без моего участия. Мой отец уже на коронации был назначен гофмейстером при великой княгине Марии Николаевне, но сразу после коронационных торжеств великая княгиня уехала за границу — по возвращении же своем через год она пожелала сблизить нас со своими дочерьми[362], и вот с тех пор начались непрерывающиеся дружеские отношения, которые связывают нас с милыми принцессами до сих пор. Мы собирались у Марии Максимилиановны вечерами по вторникам, кроме нас были еще Адина Философова и Вера Бек. У Евгении Максимилиановны были свои подруги моложе нас: Ольга Философова и Мери Перовская. Великая княгиня иногда

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